Dans la rubrique « Elles regardent », on a le plaisir de vous présenter une oeuvre de notre jeune contributrice Harrietshka, exposée en janvier 2022 à l’atelier 34zéro, à Bruxelles.
Salut, moi c’est Harriet. J’ai 21 ans et je suis étudiante en sculpture à la Cambre à Bruxelles. La plupart du temps j’aime travailler avec le tissu. Ma grand-mère m’a apprit à coudre quand j’étais petite, depuis, je fais des masques, des déguisements, je rafistole avec des boutons, du fil coloré, des chutes trouvées par ci par là… La vidéo me permet d’y ajouter des images et des mots. Parce que j’adore écrire et écouter. Dystopie concrète c’est une armure, une enveloppe, un casque, une cagoule, un corset, fait de tissu cousu et tendu sur une armature métallique. Puis un regard emprisonné ou alors plutôt une tête qui s’est transformée et figée en tissu brillant. Il ne reste plus que les yeux qui pleurent, qui te regardent, pour te demander pardon ou appeler à l’aide. Elle en a marre, que tu ne l’écoutes pas, et elle a peur de te dire que c’est la fin du monde. Sa parure l’enferme et elle ne peut même pas pleurer. Spectatrice d’une horde de martiens décoiffés qui te narguent parce que tu n’as rien fait plus tôt. Tu dois juste trouver du réconfort maintenant… Puis plus loin dans l’exposition où j’ai montré cette sculpture, il y’a des vidéos de mon père, qui est au chômage depuis six ans et touche le RSA. Il vit dans un 7m2 au 6ème étage, alors les yeux pleurent aussi pour ça. On entend sa voix au loin, il parle : « Rien ne permet, si ce n’est des accidents, si ce sont des accidents… »
Dystopie concrète©harriet bénard-sweertvaegher 2021