Abdallah (77ans), Driss (55 ans) et Abdelaziz (87 ans) habitent depuis des décennies dans un petit immeuble situé au 8 rue de Tunis, à Sète. Des pièces insalubres sans chauffage, sans isolation thermique, non conformes aux normes de sécurité… que l’ancienne propriétaire a laissé se dégrader au fil des ans. En 2020, la situation évolue suite au décès de cette dernière. Voici un petit historique retraçant les évènements récents :
Janvier 2020 : une lettre recommandée des propriétaires
Les locataires reçoivent une lettre recommandée des héritiers de l’immeuble : « Je vous informe que nous allons précéder à des travaux de rénovation du bâtiment en entier, parties communes incluse, toiture et appartement, dont le vôtre […] Vous devez donc quitter les lieux le plus rapidement possible ». Demande réitérée de vive voix par les propriétaires, or les baux des locataires courent jusqu’en 2022 ou 2023.
Constitution d’un collectif d’habitants
Novembre 2020 : un collectif d’habitants se constitue pour faire valoir les droits des locataires. Les rendez-vous et les courriers se multiplient avec les propriétaires, la maison de l’habitat, la mairie, la commission de l’Office public HLM, le service hygiène et salubrité de la ville, pour appuyer les demandes de relogement des locataires. Une pétition est lancée, des rassemblements publics sont organisés, relayés par plusieurs médias locaux.
Reconnaissance de l’insécurité et de l’insalubrité par les services de l’Etat
Début 2021, un premier puis un deuxième arrêté de mise en sécurité de l’immeuble sont pris par les services de l’Etat. Devant le danger immédiat, le premier oblige les propriétaires à poser des étais au rez-de-chaussée pour soutenir les poutres en bois qui menacent de s’effondrer, et d’interdire l’accès à la cour arrière (où se trouvent les WC) et à la terrasse du premier étage. Dans le second, les propriétaires sont mis en demeure de « procéder à l’évacuation de l’immeuble et au relogement de ses occupants » et d’effectuer les travaux de réparation nécessaires dans un délai de 1 mois ».
Dans le même temps, l’Agence régionale de santé (ARS) adresse à l’un des propriétaires un courrier l’informant de l’engagement d’une procédure d’arrêté d’insalubrité pour un des logements du 2ème étage. Une commission doit se réunir le 25 mars.
Premières propositions de relogement
Devant la défaillance des propriétaires à proposer des solutions de relogement, les locataires et le collectif continuent à solliciter la mairie pour trouver des solutions pérennes, notamment via la commission de l’office public HLM. Les premiers logements proposés ne correspondent pas tous aux besoins et contraintes de vie des locataires. Notamment pour Abdelaziz, 87 ans, à qui l’on propose un logement à la Corniche, éloigné de son lieu de vie habituel, de son médecin, de ses commerces, de ses voisins et amis. Se déplaçant difficilement et dépendant de ces liens de proximité et de solidarité, Abdelaziz tient à un relogement en centre-ville. Une nouvelle commission d’attribution de logements sociaux est prévue courant mars.
Quelques chiffres sur le logement à Sète
- Un taux de pauvreté de 25% ;
- Un taux de chômage de 22%, qui touche près de la moitié des jeunes ;
- Augmentation de 9% des loyers en 5 ans, flambée de l’immobilier avec augmentation de 30% des prix des maisons et une augmentation de 8% du nombre de résidences secondaires ;
- Plus de 2.500 logements vacants, alors que 1.500 personnes sont dans l’attente de l’attribution d’un logement social.