À Sète, des habitant·e·s se mobilisent pour venir en aide aux Ukrainien·ne·s. Les premier·es réfugié·e·s, 7 personnes, sont arrivé·e·s le 14 mars. Et lundi soir, le concert organisé par l’association Filomer a permis, avec la tombola et la vente d’une soixantaine d’exemplaires d’une estampe tirée d’un tableau de Robert Combas, de récolter à ce stade plus de 70 000 euros pour la Croix Rouge ukrainienne.
Face à l’horreur de la guerre russe, la mobilisation citoyenne s’organise à Sète. Ainsi, depuis le déclenchement des hostilités, Youra Cabaret, un musicien dont le grand-père, musicien à Kharkov (Ukraine) est mort en 1941 au Goulag, pour cause d’ascendance allemande, et sa femme Élisabeth, ont remué ciel et terre pour recenser les familles de Sète et des villes voisines prêtes à accueillir des réfugié·e·s Ukrainien·ne·s.
Lundi soir dernier, les premier·e·s Ukrainien·ne·s, sept personnes étaient à la soirée caritative et musicale organisée par l’association Filomer, au nouveau Conservatoire de Sète. À l’appel de l’animateur de la soirée Gilles Schneider, un journaliste qui était en Tchécoslovaquie à l’arrivée des chars russes en 1968, elles·ils ont été discrètement applaudi·e·s par la foule. « Ce soir nous allons aimer ce que Poutine piétine » a-t-il lancé avant de présenter des professeurs du Conservatoire qui ont entonné l’hymne ukrainien, avant de jouer des compositions slaves.
Émouvant, comme les brèves explications que Youra Cabaret, fils d’un père français et d’une mère réfugiée en France après son passage dans les camps de travail nazis, a données sur sa lointaine famille ukrainienne, avec qui il est entré en contact pour la première fois en 2009, à l’aéroport de Kharkov (Ukraine). Des retrouvailles bouleversantes, qui prennent aujourd’hui, alors que la ville est sous les bombes russes, une tonalité tragique. Mais pour l’heure, Youra se lance avec brio au piano dans l’interprétation d’une composition de son grand-père . Avant de réapparaître sur scène en blouse blanche bouffante, en compagnie de Zima, un joyeux quatuor montpellierain de musique russe et tzigane, qu’il a rejoint en 2016. Ils viennent d’enregistrer un disque , en vente ce lundi soir au profit de la Croix Rouge. Un moment joyeux et fort de la soirée, avant la lecture par Milana Volodtchenko, une jeune Urkreno-tatare, installée en France depuis quelques années, d’un poème d’Iryna Tsvila, une poétesse et photographe ukrainienne, résistante de la première heure au Donbass, tombée sous les tirs russes la semaine dernière.
Puis, le pianiste Fabrice Eurly a clos la soirée, avec force boogie-woogie, pitreries et variations sur, entre autres, « Les copains d’abord » de Brassens.
Comment venir en aide aux réfugié·e·s ?
À Sète, ce sont les initiatives privées et associatives qui prennent les devants, même si la mairie affiche son volontarisme. Contactez Élisabeth Cabaret sur ecab34@gmail.com ou sur Facebook @ecabaret34. Elle s’est associée avec Guillaume Verdier, un militant associatif qui collecte des dons et a mis son local à disposition dans le quartier haut, pour créer le Collectif « Cetteukraine ». Elle et lui cherchent des interprètes anglais/russe et des hébergements. Et les bonnes volontés sont les bienvenues. 35 familles, dont la grande majorité sont à Sète, ont déjà proposé d’accueillir des réfugié·e·s chez elles, mais il reste encore beaucoup à faire. « C’est très douloureux, explique Élisabeth Cabaret. Les réfugié·e·s sont en train de comprendre que leur retour dans leur pays n’est pas pour bientôt. Beaucoup ont préféré s’arrêter en Pologne ou en Allemagne, mais ils sont trop nombreux et ils s’aperçoivent peu à peu qu’il va falloir qu’ils aillent ailleurs. Actuellement, je reçois trois à quatre demandes par jour. Ainsi, vendredi, je vais chercher trois personnes à Nice. Mais c’est très compliqué, car ils ont tout perdu et n’ont pas d’argent pour se déplacer. Heureusement des compagnies aériennes mettent des billets gratuits à disposition».
Pour l’accueil de réfugié·e·s on peut aussi appeler la mairie au 04 99 04 70 00, afin de laisser ses coordonnées. La municipalité transmettra ensuite « un cahier de volontaires » à la préfecture de l’Hérault, qui se chargera de les contacter. Enfin, pour les personnes désireuses de faire des dons d’argent, la ville renvoie vers les sites de la Croix rouge et de la protection civile.
Acheter une estampe de Robert Combas
125 exemplaires ont été tirés gracieusement sur papier chiffon par les ateliers DPJ. Robert Combas en a offert 100 à Filomer au profit de l’Ukraine et il en garde 25 pour lui. Le prix d’achat est de 850 euros jusqu’au 1er mai puis de 1250 euros. 60 ont déjà été vendues en 24 heures via Facebook, dont certaines par des personnes qui, faute de moyens suffisants, se sont regroupées pour l’achat. www.filomer.fr
Les réfugié·e·s
Sur les plus de 2 millions d’Ukrainien·ne·s qui ont pris la route selon les Nations Unies, seuls 6540 avaient rejoint la France le 9 mars. Plus de 3000 ont été pris·e·s en charge dans des hébergements d’urgence essentiellement en Île-de-France et nombreux ont été ceux qui ont pu être hébergés par des proches. L’État a reçu 20 000 propositions d’hébergement dont plus de 6000 émanant d’entreprises ou de collectivités. Elles et ils bénéficient du régime inédit de la protection temporaire activé par l’Union européenne avec un droit à l’hébergement et qui permet d’être immédiatement en situation régulière sans avoir à demander un statut de réfugié·e. Une première autorisation provisoire de séjour de six mois, renouvelable trois ans, leur est délivrée. Ils peuvent aussi accéder immédiatement aux soins (CMU), travailler et reçoivent une allocation de demandeur d’asile au plafond maximal de 14 euros par jour. www.jemengagepourlurkraine.fr