Créer une guitare pour le centenaire de Brassens, une évidence à laquelle il fallait juste penser ! David Frey, jeune luthier sétois à la passion communicative, l’a fait. Elle sera livrée à l’espace Brassens ce mardi 19 octobre.
« Fameux renversement »
David Frey a 31 ans, il est venu de Paris, où il travaillait pour une ONG, pour commencer son apprentissage dans un atelier sétois il y a 3 ans seulement ; on peine à le croire en l’écoutant tant on le sent habité par ce métier. Il a tout d’abord intégré l’atelier de Jean-Paul Lebon pendant 2 ans puis, à Ceyras, celui d’Yvan Jordan. Il souhaitait se spécialiser en lutherie Flamenca, et là, il a encore plus particulièrement perçu le travail à faire sur toutes les pièces, l’importance d’avoir en tête ce vers quoi on tend et la nécessité de dessiner sa guitare.
DF : « J’ai compris la lutherie en dessinant… le fameux renversement du manche… tu ne peux pas comprendre si tu ne dessines pas. Si tu le rates, la guitare est ratée. Il faut avoir fait les calculs avant. Maintenant j’adore dessiner les guitares. La mécanique d’une guitare Brassens c’est vraiment le mélange pur entre le classique et le manouche. La table sera montée différemment. »
«du chasseur d’arbres au vernis »
Tout semble simple lorsqu’il explique le processus de fabrication, la mécanique générale, le vernis, le bois …
Un voyage joyeux entre termes techniques et belles rencontres humaines.
Pour cette guitare particulièrement, l’artisan a choisi du bois français, du noyer, de l’érable, de l’épicéa, du cormier sélectionné et coupé sur quartier par un spécialiste du Jura.
DF : « Ce type, son métier, c’est de chasser les arbres, de les couper et de faire des tables d’harmonie pour la lutherie, c’est incroyable !» Mais il tient à préciser
« Ce ne sont pas les luthiers qui vident les forêts ! Un luthier, tu lui donnes un arbre, il fait des guitares toute sa vie. ».
Il lui faut environ 1 mois pour faire une guitare, sans le vernis.
DF : « La différence avec les guitares industrielles, qui sont sûrement bonnes, c’est la quantité de vernis. Nous on en pose une couche tellement fine que la guitare n’est pas bridée. Mais il faut 15 jours à 3 semaines pour faire un vernis au tampon. »
« Chaque guitare a son histoire »
DF : « La guitare du centenaire n’est pas faite avec un vernis au tampon. C’est un hybride entre manouche et classique. Sur une guitare manouche, le vernis au pistolet peut être plus pertinent, il donne de la pèche. Là, je voulais un beau vernis vitrifié. Jean-Pierre Favino, le luthier de Brassens, que j’ai tenu à rencontrer dans son atelier des Pyrénnées Orientales, ne fait pas de (vernis au) tampon. Il a fait trois guitares à Brassens en prenant la suite de son père Jaques Favino. Ce fut une belle rencontre pendant laquelle nous avons beaucoup échangé sur notre métier. Il a trouvé l’idée de la guitare du centenaire très bonne. »
« Brassens, c’est la guitare qui le révèle »
DF : « Je n’avais jamais fabriqué de modèle Brassens, c’est devenu un modèle mythique, c’est un son, un cordier pour cordes en métal, une manouche dans un corps de classique. J’ai proposé ce projet à l’espace Brassens qui l’a adoré. Brassens, c’est la guitare qui le révèle, alors pour le centenaire …! »
David Frey dit que cette balade en lutherie lui a donné confiance. Cette guitare est importante dans sa carrière, il y a beaucoup pensé, l’a beaucoup dessinée. « C’est un aboutissement avec un défi derrière.» Ce projet est un tournant qu’il souhaite réussir.
« Quand pourrais-je dire que je suis luthier ? C’est un métier où tu te formes toute ta vie.»
David Frey – Atelier Lazarus Carmito Club – 35 rue Lazare Carnot, Sète. 07 61 90 78 22