Les inductions subreptices du langage

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Le 25 novembre est la date choisie par les Nations Unies pour célébrer la « Journée Internationale pour l’Élimination de la Violence à l’égard des Femmes ».

Curieusement, alors qu’en anglais l’expression choisie est clairement « violence contre les femmes » [violence against women] sa traduction française est étonnamment édulcorée : violence à l’égard des femmes.

De son côté, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, qui s’exprime en français, parle dans son message du 25 novembre 2020 de violences faites aux femmes.

Ces façons de dire (ou plutôt de ne pas dire) nous semblent intéressantes, surtout quand Audrey Azoulay elle-même souligne dans son message : « Toutes ces formes de violence viennent de loin : elles sont ancrées dans les mentalités. » Cet ancrage irait-il jusqu’à nous pousser à adoucir les formules que nous utilisons en français ? Car enfin, si « à l’égard de » signifie « pour ce qui concerne », le dictionnaire Le Robert indique aussi que le mot « égard » parle de déférence et de respect, et avoir des égards pour quelqu’un est tout le contraire d’une violence…

Quant à la formule choisie par Audrey Azoulay, « violences faites aux femmes », ce verbe « faire » s’utilise rarement avec le mot violence, sauf dans l’expression « se faire violence » qui signifie « faire des efforts sur soi-même pour se contenir ; se contraindre », ce qui est loin des violences de tous ordres qui sont infligées aux filles et aux femmes dans le monde. Le plus souvent, plutôt que « faire une violence », ce que l’on « fait » à une personne c’est plutôt un câlin, un sourire ou une caresse (même si parfois ce peut être une grimace ou un pied de nez), et ces proximités de sens dans l’emploi du mot « faire » tendent à amoindrir l’intensité du mot « violence » dans l’expression « violences faites aux femmes ».

« Osons dire violences contre les femmes »

Par conséquent, osons dire « violences contre les femmes » et luttons avec détermination pour mettre fin à ces violences de toute nature, physiques, sexuelles, psychologiques, économiques et sociales, à tous les moments de la vie des femmes et dans tous les pays, y compris le nôtre. Et poussons même plus loin en œuvrant pour mettre fin une fois pour toutes à toutes les formes de violence, qu’elles soient ou non fondées sur le genre. Une éducation dans ce sens devrait être entreprise très tôt dans l’enfance et continuée à tous les âges de la vie, pour que les mentalités changent et que soit affirmée en tous lieux la reconnaissance de la dignité de la personne humaine.

Se mobiliser pour l’élimination des violences contre les femmes :

Samedi 20 et jeudi 25 novembre, à Sète, les « collectives culottées » organisent des actions dans le cadre de la lutte pour l’élimination des violences contre les femmes

https://www.facebook.com/pages/category/Cause/Les-collectives-culottées-173467436930831/