Notre camarade plongeur (et nouveau contributeur de L’Ancre) Jacques Covès nous fait découvrir quelques merveilles de l’étang.
Ces photos ont été prises en plongée bouteille le 31 janvier 2024 dans l’étang de Thau, sur le site du ponton de la Bordelaise, par 3-4 m de profondeur. Cela signifie qu’on peut voir en ce moment ces superbes limaces qui portent si bien leur nom d’Éolis magnifique.
Magnifique parce qu’elles le sont, c’est indiscutable. Et Éolis pour rappel de leur appartenance au groupe artificiel des nudibranches éolidiens.
Ceci pour évoquer Eole, le Dieu grec du vent, en rapport avec le mouvement des excroissances que portent ces limaces sur leur dos. Ces excroissances sont appelées des cérates. Elles servent aux limaces à augmenter leur surface corporelle afin de maximiser leur capacité respiratoire par transfert tégumentaire des gaz.
Les cérates contiennent aussi des diverticules digestifs qui leur permettent d’optimiser les prises de nourriture.
D’ailleurs, on va trouver ces limaces sur leur garde-manger. Elles sont carnivores et se nourrissent d’hydraires, un petit animal de l’embranchement des cnidaires (comme les méduses ou les anémones) qui vit en colonies arborescentes et qu’on peut aisément confondre avec un végétal. Et ces limaces sont futées car elles pondent sur ces mêmes hydraires (c’est la période de reproduction). Ainsi les juvéniles issus des larves après éclosion pourront tout de suite trouver à se nourrir à leur tour.
Pour la petite histoire, le nom latin d’Amphorina andra évoque la forme des cérates qui ressemblent à de petites amphores et andra vient du suédois pour [autre] ou [deuxième] afin de distinguer deux espèces d’Amphorina très proches.
D’autres limaces, toutes aussi belles dans leur genre, sont aussi présentes.
Eolis magnifique (Amphorina andra), variante violette ©jacques covès