Sète, une ville en 2 couleurs

A l’appel du Collectif sétois de lutte contre l’extrême droite, et malgré une info tardive, une foule citoyenne s’est rassemblée pour faire entendre son indignation suscitée par la venue de Bardella à Sète, au bar Le Saint Louis, vendredi 22 novembre.

La nuit est tombée et le froid est glacial. Une longue file de sympathisant.e.s RN s’étire sur le Quai Suquet. Beaucoup de jeunes, des familles, des doudounes bleues marines et quelques mines patibulaires. Au bout du même quai, derrière un cordon de police, une foule bigarrée fait entendre sa voix. Une centaine de militant.e.s antifascistes, des membres de syndicats et de partis, beaucoup de jeunes muni.e.s. de pancartes « désobligeantes ». Un concert de casseroles.

Devant le Saint Louis, à 18h, déjà plusieurs centaines de personnes. ©l’ancre
Derrière le cordon de police, une foule de protestataires antifascistes. ©l’ancre

Vers 18h15, la manifestation commence à se disperser, comme convenu… pour se reformer spontanément sur le bien nommé Quai de la Résistance, de l’autre côté du canal juste en face de la brasserie et de son impressionnante file de sympatisant.es RN. Pendant près de 2 heures, les 2 groupes échangent insultes, doigts et bras « d’honneur ». Ironiquement, de chaque côté du canal flotte un drapeau tricolore.

Drapeaux tricolores fièrement déployés par de jeunes militant.es … de chaque côté du canal.

« On est là, parce que Bardella, il aime pas les arabes, alors nous on l’aime pas » affirme un ado emmitouflé sous sa capuche. Lorsque les lycéeens chantent « La jeunesse emmerde le front national » quelques têtes grises désabusées protestent :  » Nous aussi, on emmerde le Front National « . On rigole. Et on se désole. Il y a vraiment beaucoup de monde en face, tous ces gens sont prêts à attendre des heures dans le froid, pour faire dédicacer un livre (paraît-il illisible). « Voilà le résultat de 50 années de politique néo-libérale » fulmine un militant. Pour se réchauffer, un groupe de jeunes antifascistes infatigables entonne la Marseillaise. Le goût de la lutte se cultive, dans une joie amère, sur le Quai de la Résistance.

Une Marseillaise à pleins poumons. ©l’ancre.


A propos de Xénia Marcuse 70 Articles
Autrice de théâtre, jardinière, cycliste, scénographe, peintre décoratrice, nageuse, citoyenne sétoise, Xenia Marcuse est aussi co-fondatrice de L'ancre.