Petitcopek

L’Ancre, journal sympathique a rencontré Petitcopek, rappeur sétois et sympathique. L’entretien est ici !

L’Ancre : 1. Comment en es-tu venu au rap?

J’ai commencé par la guitare quand j’avais 11 ans, j’avais un groupe de rock avec des copains. Ça s’appelait Vice Versa. On tournait dans les bars et on faisait beaucoup de reprises de standards du rock. Le chanteur guitariste écrivait nos paroles en anglais et il les chantait. Mais moi je voulais qu’on chante en français. Alors j’ai vu sur Facebook que le rappeur Demi Portion animait des ateliers à la Passerelle. On est allés là bas, et là on est tombés dedans direct. C’était en mars 2012. C’était direct et rapide, c’était une évidence. Et depuis cet atelier je ne me suis jamais arrêté…

L’Ancre : 2. Quel rapport entretiens-tu avec Sète? Tu en parles beaucoup dans ton rap.

Petitcopek : Je suis d’une famille très sétoise, liée à l’histoire de la Tielle et des joutes. Et j’y suis très attaché. J’ai fait des joutes quand j’étais petit et ici je me sens comme nulle part ailleurs. C’est chez moi. Je dis souvent que mon rap, il est vraiment sétois parce que j’en parle pas mal dans mes chansons, j’aime ma ville, ses traditions, sa culture et surtout sa tranquillité et sa douceur méditerranéennes. Dans Sète, pèche et capitaux, j’avais besoin de mettre des mots sur l’attachement que j’avais pour ma ville et d’en parler à ma manière. J’ai vu Sète s’ouvrir culturellement, se bétonner excessivement aussi, ça fait bizarre parfois. J’ai vu aussi Sète passer de plus en plus à la télé. J’ai des souvenirs plus jeune, même y’a encore quelques années, les gens ne connaissaient pas du tout, mais maintenant les gens l’identifient de plus en plus et en parlent. Et y’a du bon et du mauvais dans tout. Par contre, moi mon rapport n’a pas changé, je suis toujours aussi fier de ma ville.

L’Ancre : 3. Comment on fait du rap en 2022 et surtout comment on le réinvente ?

Petitcopek : Ce ne sont pas forcément des questions que je me pose comme ça. A la base mon rap c’est d’abord une affaire d’intuition. Je me laisse porter par la musique. C’est la musicalité qui va me guider vers le sujet et non l’inverse. Je ne fais jamais les choses en calculant ce qui a été fait avant, ce que font les autres, comment être original. J’écris avec des envies de sons, et c’est souvent l’instrumental qui va me faire ressentir quelque chose, un thème, un sujet, une vibe. J’aime beaucoup prendre un thème et le développer au maximum. Des fois je pars même d’une anaphore… Je répète quelque chose et je le creuse en déroulant mes pensées… Et ça peut venir d’un détail, d’une rencontre ou du quotidien. Une fois c’était un tatouage avec marqué « Fais moi danser » et j’ai eu envie d’en faire une chanson. Moi j’aime la douceur dans le rap, même si j’écoute aussi du rap plus « brut » on va dire. Musicalement j’aime bien les sonorités ensoleillées, latines ou italiennes. Ça me fait penser à nos origines méditerranéennes. Il y a quelque chose de Massilia, de la Rue Kétanou que j’aime beaucoup… Une musique populaire, chaleureuse, bienveillante et ouverte. C’est ça que j’ai envie de défendre avant tout.

L’Ancre : 4. D’ailleurs, tu n’as pas des sujets qu’on retrouve dans le rap habituellement. Par exemple la chanson « Rien de plus » est très différente de celle de certains rappeurs qui parlent de leur envie d’une montagne d’argent. Toi tu dis l’inverse. Comment traites-tu tes sujets ?

Petitcopek : C’est vrai que je ne suis pas dans ce courant là, les sujets qui m’habitent ne sont pas dans les thèmes habituels peut- être parce que je garde mes valeurs, je rappe ce dont j’ai envie. J’ai un rap très personnel, je ne cherche pas à créer un personnage. On pourrait dire que le personnage c’est moi dans mes doutes, mes errances et que je veux témoigner avant tout de mon amour de Brassens, de la chanson française et d’un certain rap français. Les artistes que j’aime ont une vraie puissance des mots, ils font « une chanson » dans son sens fort : y’a un thème, un sujet précis et ils nous embarquent, on fait un voyage avec eux. Ils vont d’ailleurs plus parler du monde, que de parler d’eux. Ils vont moins se mettre au centre, je pense que c’est ce que je préfère dans cette démarche. Plutôt que de vouloir faire un album sur mon personnage « Petitcopek » je préfère me penser comme un observateur du monde, et faire une balade dans ma ville, avoir une interrogation sur l’amour. Quand tu fais un rap « énervé » tu peux être mis à mal sur la crédibilité et la légitimité que tu as de parler de sujets liés à la violence. Moi je n’ai pas envie d’appartenir à ça, et je pense qu’au fond, plusieurs de ces rappeurs ne sont pas à l’aise avec cette violence la mais après, ça devient comme un engrenage, c’est ce qu’ils pensent que les autres attendent d’eux. Moi je veux rester moi même. Je brode des histoires sur les rimes et la musicalité mais je reste aligné avec qui je suis.

L’Ancre : 5. Tu as fait pas mal d’ateliers d’écriture, peux-tu nous en dire plus ?

Petitcopek : Je fais pas mal d’ateliers avec des jeunes et des structures diverses à Sète. Y’a une grosse part d’improvisation car je m’adapte au public et j’y prends vraiment beaucoup de plaisir. J’ai commencé moi même ma passion pour le rap dans un atelier avec Demi Portion. Donc c’est aussi une évidence ! Je donne, je transmets comme on l’a fait avec moi et j’accompagne des jeunes dans leurs premières réalisations musicales, ce qui est toujours un moment touchant et beau, rempli de sincérité.

L’Ancre : 6. Ce que tu prépares.

Petitcopek : J’ai un projet en cours avec un beatmaker M-Kash, composé de cinq ou six titres qui vont s’appeler Récréation. Ça va parler beaucoup d’enfants, de leur sincérité justement. Je crois que tout simplement dans ma musique je parle de ce que je vis. Là récemment, j’ai fait beaucoup d’ateliers et suite à ça, j’ai eu envie de parler de la jeunesse. Y’a notamment un morceau où je raconte comment j’aperçois cette jeunesse : ils m’en ont beaucoup appris sur la façon de voir les choses, les enfants ils te connectent au monde… Moi, sinon moi je me sens dans ma bulle, à l’écart, avec toujours mon cercle de personnes. Avec eux, je m’ouvre. Les enfants c’est aussi le premier degré dans le bon et le moins bon. Cette insouciance est nécessaire, et nous, on l’oublie. Ils n’ont pas encore eu le temps de rentrer dans un espèce de moule, de se définir par un statut ou quoi. Avec eux, je réapprends cette liberté là. Et on en a tous besoin, je pense.

L’Ancre : 7. Les questions.

Un plat préféré : la macaronade
Un endroit préféré à Sète : la place de l’Hospitalet
Un conseil à Sète : le coucher de soleil de la Pointe ou de la Plagette
Une chanson liée à Sète : Antoine le Sétois
Un endroit où t’aimes manger : Chez Fritto
Un endroit où t’aimes boire un verre : Barbu
Une date que tu ne louperais pour rien au monde à Sète : Le Demi Festival, 2ème week end d’août Un Un artiste sétois : Maye
Un rappeur que tu aimes : Stromae pour son écriture, avec des dehors légers, ça dit pas mal de choses. Il a su parler à beaucoup de gens. Il a ramené quelque chose de frais dans la musique.
Une prochaine date pour te découvrir :
Je fais l’animation de l’open mic pendant le Demi Festival place de l’Hospitalet.
Une chanson dont tu es fier : Banc parisien
Je racontais une soirée que j’ai passée à Paris. J’ai croisé sur un banc trois personnes et elles m’ont confié leurs histoires. La façon dont j’ai mis en musique ces rencontres, c’était un vrai défi pour moi de raconter non plus une émotion ou une balade dans ma ville mais une histoire de A à Z sans la quitter, avec un début, une fin, des personnages. Et j’espère l’avoir réussie.