Un coup de poignard dans le dos

Etant abonnée à Midi Libre, je découvre avec stupéfaction une pétition contre la direction des cinémas Comœdia et Palace, pointant l’état des salles de la rue du 8 Mai-1945. Cette pétition émane de quatre associations, Quai des Docs, CinéCtoi, Salsa et la Dante, qui usent des salles en moyenne une fois pas mois chacune, quand ce n’est pas toute la semaine pour cause de festival.

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Ces cinémas ont une programmation exemplaire. Du blockbuster en passant par la comédie à la Française, jusqu’au film iranien confidentiel, il est possible de satisfaire tous les publics sans discrimination. Les cinéphiles et les adeptes de Marvel y trouvent leur compte. La retransmission d’opéras et de ballets ou les séances de l’Université populaire permettent un accès plus large à une culture réservée généralement à des initiés.

Alors tout n’est sans doute pas parfait, il peut y avoir des problèmes techniques qui ne sont pas d’une gravité insurmontable. L’offre culturelle est remarquable. Et il faut souligner l’effort fait pour ramener le public au Comœdia. C’est une affaire de longue haleine. Et patatrac des mouches du coche viennent mettre leur grain de sel.

Cette pétition pose plus largement la question du rapport à la culture. Qu’est-ce qui est important, ce qui est montré sur l’écran ou le popcorn qu’on grignote pendant une heure trente. J’ai le souvenir de séances foutraques, à Paris, dans les salles de la rue Champollion, du studio des Ursulines ou de la cinémathèque, encore au Trocadéro. Les salles n’étaient pas un modèle de confort, les bobines lâchaient régulièrement. Mais il ne nous serait pas venu à l’idée d’engueuler Henri Langlois* pour ces incidents. La question qui se posait était de savoir quel rôle les usagers pouvaient jouer pour améliorer les conditions de fonctionnement de ces outils précieux que sont les salles obscures.

Dans le cas précis de cette pétition, les quatre organisations sétoises se positionnent en consommateurs « petit bourgeois » qui demandent toujours plus de confort et toujours plus de sécurité.

Et bien y’en a marre ! Il serait temps de changer de chanson. Il serait temps d’avoir une attitude citoyenne et responsable, d’analyser les problèmes de manière horizontale et non verticale. La seule question qui se pose aujourd’hui est simple : que pouvons-nous faire pour apporter notre aide, si nous le pouvons. .

* Henri Langlois (1914-1977) est le fondateur et directeur de la Cinémathèque française