Deliranza, entre rêve et cauchemar

Spectacle de danse, samedi soir, au Théâtre de la Mer

Patricia Guerrero et ses danseurs s’affrontant dans un face-à-face intransigeant © CLAUDIARUIZCARO

La vie de bailaora (danseuse de flamenco) n’est pas une sinécure. Les spectateurs voient le résultat ébouriffant d’un spectacle réglé au quart de tour, où tout tend vers la perfection. Mais pour en arriver là, des heures de travail sont nécessaires. Patricia Guerrero, la jeune danseuse prodige de Grenade, met en scène avec Deliranza ce travail préparatoire, lorsque l’épuisement, après une longue journée de travail, engourdit le corps peu à peu. Pendant cette somnolence, rêves et cauchemars se succèdent, son double la harcèle pour qu’elle ne s’arrête jamais, au rythme d’un compás obsédant ; une armée de danseurs vient la hanter, tels de petits soldats de plomb. Mais ces tourments peuvent devenir rêverie.

Des spectres hantent la jeune danseuse qui livre une véritable performance puisqu’elle danse durant quasiment tout le spectacle. De cet état de demi-conscience, peut aussi jaillir l’inspiration et la transcription brillante d’un palo (type de chant flamenco).

Cette hantise du compás, c’est un peu « Les temps modernes » de Charlot revisités. Mais que serait le flamenco sans ce compás obsédant ? Patricia Guerrero n’apporte aucune réponse, mais donne à voir un très beau spectacle où elle brille de mille feux.

Pour ce Deliranza, la danseuse s’est entourée d’artistes exceptionnels. Daniel Lopez Vicente, alias Dani de Morón, est le directeur musical et le guitariste du spectacle. Virtuose, il a travaillé avec les plus grands. Cette virtuosité ne l’empêche pas d’exprimer sa sensibilité. Sergio El Colorao, cantaor de Grenade, la chanteuse Amparo Laganes, le percussioniste Agustin Trassera, Óscar Álvarez, aux claviers, complètent la distribution musicale.

Le corps de ballet, impeccable dans son aspect mécanique, quasiment robotique, est constitué de trois danseuses et quatre danseurs, toutes et tous remarquables, avec une mention spéciale pour Ana Perez, la Française de la troupe. Après avoir longtemps vécue à Séville, elle est revenue à Marseille où elle anime une compagnie.

Deliranza est à voir samedi 15 juin dans le cadre sublime du Théâtre de la Mer. Une raison supplémentaire pour bloquer sa soirée de samedi.

Renseignements et réservations sur www.tmsete.com