L’exposition « Entre ciel et terre », qui met à l’honneur le peintre Jean Hugo, est à voir tout l’été au musée Paul Valéry, à Sète.
Jean Hugo s’est fait un prénom. A l’instar de Victor, son génie d’arrière-grand-père, il touche un peu à tout, il écrit, sculpte, fait des décors de théâtre, conçoit des livres lilliputiens, touche à la céramique, à la sculpture, au vitrail. Mais surtout il peint. Sa peinture est surprenante, ne se rattache à aucune école ; on peut la voir un peu cubiste, mais elle est trop ronde. On peut la voir surréaliste avec ses licornes qui paissent tranquillement dans le paysage, mais le décor est trop dépouillé. On peut la voir naïve, mais le trait est trop ferme.
Né en 1894, après une vie mondaine intense, très parisienne, et un divorce de la peintre Valentine Hugo, il choisit de s’installer définitivement, en 1929, dans la maison de sa grand-mère maternelle, le mas de Fourques, près de Lunel. En 1931, il reçoit le baptême. Son parrain est le philosophe chrétien Jacques Maritain.
Il est amoureux de ces paysages de garrigue et les peint sous tous leurs aspects et en toute saison.
Un ensemble est particulièrement surprenant, « Les porteuses de paysage ». Quatre panneaux, pour quatre femmes, stylisées, souples comme des lianes, très Art déco, sur un décor dépouillé, des ciels rose, bleu layette, en fonction des saisons ; elles portent sur leur tête ou à l’épaule, des plateaux paysage, à l’inverse, très denses. Une garrigue, un causse, le mas de Fourques, une ferme. De cet ensemble très étrange, qui, à l’origine, était monté en paravent, se dégage une harmonie réelle, ces femmes faisant le trait d’union entre l’immensité du ciel, aux couleurs oniriques, et la réalité de la vie, appréhendée les pieds dans la glaise.
Hugo est un voyageur immobile. Il a peu voyagé, s’il le fait, c’est en France, dont il admire la diversité de paysages et de lumière. Outre son Languedoc de prédilection, il éprouve un attrait particulier pour la Bretagne. Ses visites à l’étranger se limitent à la Grande-Bretagne, il est bilingue (il a vécu à Guernesey une partie de son enfance et épousé en seconde noce l’Anglaise Loretta Hope-Nicholson), à la Catalogne où il passe quelques mois en 1953 ; en 1952, il est invité à Moscou et à Saint-Pétersbourg pour le 150e anniversaire de la naissance de son arrière-grand-père. En 1967, on lui passe commande sur le thème « Terre des hommes » pour le pavillon de l’Homme dans la cité de l’exposition universelle de Montréal. Des toiles pour raconter la Dalmatie, le Sénégal, le Canada, la Tunisie et Ceylan, il ne connaît que la Tunisie qu’il avait visité lors d’un pèlerinage dans le désert. Documentation et imagination font l’affaire. Ses pays exotiques apparaissent comme un paradis perdu pour les Européens, soumis à l’action mortifère de l’industrialisation sur la nature.
L’artiste est loin d’être un inconnu à Sète. Il s’est lié d’amitié avec Gabriel Couderc, cofondateur de l’école dite de Sète avec notamment André Blondelet et François Desnoyer, et responsable du musée Paul-Valéry. Jean Hugo participe en 1972 à l’exposition Montpellier-Sète et, en 1974, expose sur son seul nom, au musée Paul Valéry.
Cette année, les musée Fabre de Montpellier, Médard de Lunel et Paul Valéry de Sète s’unissent pour proposer la rétrospective la plus large de ce peintre hors norme et injustement méconnu. Cet été est l’occasion unique d’une séance de rattrapage. Jusqu’au 13 octobre.
148, rue François Desnoyer – 34200 – Sète Tél. : (33) 04 99 04 76 16
www.museepaulvalery-sete.fr