L’Ancre a rencontré Jérome Caubel, l’un des membres fondateurs du refuge.
L’Ancre : La création du refuge a-t elle été initiée au premier confinement ?
Jérome Caubel : Non, lors du premier confinement nous avons fonctionné avec les Amoureux de la Vie. Je me suis dit : mais comment vont faire pour manger les plus démunis s’il n’y a plus personne dans la rue pour leur filer la pièce ? D’autant que la consigne était : Restez chez vous ! Demander à des sdf de rester chez eux et puis, cerise sur le gâteau, les nouvelles normes covid ne permettaient plus la distribution de repas dans les lieux normalement dédiés et la police qui leur demandait de rester chez eux ! J’ai donc contacté les Amoureux de la vie qui ne tournaient pas sur Frontignan, mais qui m’ont suggéré de créer une antenne. Et c’est comme ça que l’on a démarré avec un petit groupe, concoctant des repas avec les moyens du bord, Michel Arrouy qui bossait au CCAS à l’époque et qui est devenu maire de Frontignan depuis nous a demandé comment nous aider ! C’est ainsi qu’il nous a dirigé sur la cantine de la maison de retraite où tous les midis nous allions chercher le nombre de repas nécessaires.
Mais nous nous sommes vite aperçus qu’il n’y avait pas que la problématique alimentaire mais aussi vestimentaire, et puis la nourriture pour les chiens, la spa fournissant des croquettes mais pas suffisamment, j’ai contacté Royal Canin sans trop y croire à 9h du matin, à 11h Royal Canin me rappelait pour venir chercher 210 kg de croquettes à Margueritte. Voilà comment tout a commencé, avec des bénévoles ( entre autres des cuisinières qui préparaient des desserts pour agrémenter les repas) et des donateurs ( des magasins qui, ayant réouvert, nous faisaient des dons), jusqu’au début de cette année où nous avons décidé de créer l’association du Refuge de la Gardiole sur Frontignan, afin d’avoir une visibilité et demander des aides à la mairie mais également parce que l’on s’est aperçu qu’il y avait plein d’autres problématiques à côté. L’idée étant non de faire ce qui existe déjà, mais de faire le lien entre les gens de la rue et les services qui sont déjà offerts sur la commune mais dont ils ignoraient l’existence, le CCAS, la Mairie ou d’autres assos.
Nous avons donc, dès la création du Refuge, rencontré les partenaires de la commune, la Mairie, le CCAS : infirmière, assistante sociale… pris contact et établi un partenariat avec l’association Jamais sans mon chien, de Béziers pour stériliser, pucer et vacciner les toutous de la commune ! On essaie donc de leur apporter le plus d’aide possible en faisant fonctionner les réseaux.
L’Ancre : Comment se sentent-ils maintenant ?
Jérome Caubel : Ils se sentent écoutés, ils savent que tous les vendredis midi ils peuvent venir chercher un repas, des vêtements. Sur le parking, on s’adresse aussi à des personnes très démunies, qui ont encore un toit mais qui risquent de basculer à la rue, en les orientant sur les structures existantes.
Nous sommes actuellement 4 membres fondateurs : Isabelle Creff , Christelle Caubel , Guillaume Pattard et moi-même, et une petite dizaine de bénévoles dont Élisabeth, Nadia, Kaï, Zohra, Célyne, Flore, Vanessa, Alain 1, Alain 2, Guillaume 2, Éric. Nous avons créé un potager afin d’avoir nos propres légumes, les sans-abris peuvent participer, ce qui leur permet de faire du lien.
Nous avons aussi d’autres initiatives comme nettoyer les abords de Frontignan : sdf, élus, citoyens lambda s’y côtoient et se retrouvent au même niveau pour ramasser les détritus et discuter de leur parcours en faisant tomber les barrières sociales. Récolte 200kg de détritus en 1 heure pendant laquelle les échanges ont été très riches.
À chaque action on implique un élu et la mairie de Frontignan est très coopérative, à l’écoute, le CCAS est présent et nous aidons les personnes à compléter un dossier : quel papier manque-t-il ?, et leur rappelons de venir au rdv…
L’Ancre : avez-vous de nouveaux projets ?
Jérome Caubel : Oui, la prochaine étape est de monter une douche mobile, la mairie nous accompagne pour monter le dossier et demander des aides, nous cherchons des projets similaires afin de voir comment nous devons faire pour budgétiser et concrétiser le projet. Nous pensons également à un lieu sur Frontignan pour faire un accueil de jour.
L’Ancre : Peux-tu nous parler du petit livret : Belles, Beaux & Invisibles qui leur est destiné ?
Jérome Caubel : Ce petit livre de Mireille Toussaint et Joël Monnier est en vente dans plusieurs points à Sète ou Frontignan. Nous avons remis l’original du dessin à chacun des participants ainsi qu’un livret. Aujourd’hui grâce à ce livret les gens les nomment par leur prénom quand ils font la manche devant la boulangerie : Bonjour Ludo ! Cela leur donne une réelle identité et donne place à la discussion.
Pour faire un don: adhésion 12€/an soit 1€/mois : n’hésitez pas! https://www.helloasso.com/associations//formulaires/1?fbcli