Tous à la Gardiole

A gauche, Cécile Vain de Co-Science

La Gardiole regorge de plantes mellifères et est le terrain de jeu des insectes qui adorent s’en repaître à toute heure du jour et de la nuit. Aller observer ce petit monde, avec un.e « guide » en fin de journée est une belle leçon d’humilité face aux merveilles de la nature. Et une bonne occasion d’apprendre à la protéger.  

Vous détestez les moustiques?  Une promenade en garrigue en compagnie d’un.e « guide » dûment formé.e au milieu pourrait vous faire changer d’avis. Car ces « sales » bestioles sont mellifères au même titre que les abeilles, bourdons, papillons, coléoptères et autres insectes, petits ou grands, qui volètent au gré de leurs envies de plantes en plantes. Au passage, ils transportent le pollen des organes mâles vers les organes femelles, jouant ainsi un rôle essentiel dans la pollinisation et la reproduction des plantes, dont très peu sont hermaphrodites.

Plus rien à manger

Sans eux nous n’aurions plus grand-chose à manger. Car le vent lui n’y est que pour 10%, vous apprendra Anne-Cécile Vain, responsable pédagogique et médiatrice scientifique de l’association montpelliéraine Co-science, mandaté pour cette balade par le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement du Bassin de Thau (CPIE), une association loi 1901 qui a 80 centres en France. Son job ? Nous faire partager son savoir et sa passion pour la nature et par ricochet nous inciter à la respecter et à la protéger. Elle accompagne aussi bien des scolaires que des adultes, sur des thèmes aussi variés que l’écologie du sol, la pêche à pied(Sète) ou la faune nocturne.

A la recherche des plantes mellifères

Aujourd’hui, le point de rendez-vous est sur le parking de la Gardiole à Balaruc le Vieux. Anne-Cécile et Marion, sa copine étudiante, accueillent le petit groupe, dûment équipées d’un filet à papillon. De quoi attraper au vol les insectes pour les examiner de plus près. Sans omettre ensuite, bien sûr, de les relâcher. Mais avant d’entamer l’ascension sur le chemin pierreux et odorant, Anne-Cécile nous pose quelques questions.  Qu’est-ce que la pollinisation ? Que se passerait-il si il n’y avait plus d’insectes ? Comment une fleur devient-elle un fruit, etc…? Juste le temps de réviser nos classiques -plus ou moins oubliés- et de nous distribuer des fiches cartonnées sur quelques plantes mellifères. Nous voilà partis le nez au vent à leur recherche dans la garrigue, un milieu très riche en espèces végétales et animales, mais très menacé par les pesticides et la fragmentation des habitats, comme bien d’autres endroits à peu près partout dans le monde.  « En Allemagne, 75% des insectes ont disparu d’après une étude conduite sur les trente dernières années », ajoute Anne-Cécile. Or pour que nous puissions manger, il faut préserver les plantes mellifères ». Au passage, j’apprends que les fleurs secrètent un nectar sucré qui attire l’insecte. En se frottant aux étamines celui-ci se recouvre de pollen qui se déposera à son tour sur les organes femelles d’une autre fleur quand il ira la butiner. Voilà où mène la gourmandise qui n’est apparemment pas toujours un vilain défaut.

A chacun ses fleurs

Et la nature est si bien faite que chaque type d’insecte possède une trompe adaptée aux fleurs qu’il est destiné à polliniser. Les fleurs bleues rouges ou jaunes aux parfums suaves pour les papillons. Les fleurs de petites tailles et peu colorées et pas spécialement parfumées, délaissées par les autres espèces, pour les mouches, les syrphes et les bombyles (plus de 8000 espèces en France).

Justement, Manon a attrapé un minuscule insecte sur une mauve, une plante très mellifère. Tout le monde se penche sur le joli coléoptère. Un  plongeon de l’infiniment grand à l’infiniment petit qui change immédiatement notre regard sur la nature. En plus, c’est très drôle, car le petit goinfre est couvert de pollen de la tête aux pattes. Et il fait le mort en attendant qu’on le relâche. « C’est sa stratégie habituelle, pour échapper au danger », nous explique Anne-Cécile avant de repartir de l’autre côté du chemin vers un millepertuis et des orpins, très mellifères eux aussi. Il y là aussi des pistachiers, du chèvrefeuille qui a besoin du passage du bourdon pour se reproduire. Un papillon s’approche, léger. Manon le capture d’un geste sec. « Les papillons sont hyper territoriaux et font des vols pour le défendre , explique Anne-Cécile. C’est une immense famille de plus de 5 200 espèces en France dont 250 seulement sont diurnes, les autres étant nocturnes. Or 80% de la  pollinisation se fait la nuit ». Qu’est-ce que cela doit être alors ici quand le crépuscule vient, se prend-on à rêver…Il y a déjà tellement de choses à observer dans la journée. Mais justement, la nuit commence à avaler le paysage. Il est temps de rebrousser chemin et de laisser la nature reprendre ses droits.

Programme sur : www.cpiebassindethau.fr

A gauche, Cécile Vain de Co-science