Une lutte pour le droit au logement (à suivre)

Régulièrement relayée par des articles de l’Ancre, la situation des locataires du 8 rue de Tunis – résidant depuis des années dans un logement indigne et récemment menacés d’expulsion – a trouvé une issue. En voici les grandes lignes, dans le contexte local du mal logement.

HLM

Rappel : devant les défaillances des propriétaires pour trouver des solutions de relogement des locataires, plusieurs demandes de logements sociaux avaient été réalisées auprès de Sète Thau Habitat et auprès de Hérault Logement, les principaux offices publics HLM de Sète.  

Le 20 avril, lors d’une commission d’attribution de logements sociaux d’Hérault Logement, Abdelaziz est positionné en deuxième position pour un logement à l’Herminette (derrière le commissariat), et Abdallah également en deuxième position pour un logement dans le quartier de l’Ile de Thau. Malheureusement, ils ne sont pas les seuls à connaître le mal-logement et l’urgence sociale. D’autres sont en attente d’un relogement, parfois depuis des années également. 

Mais début mai, ils apprennent que les deux appartements leur sont finalement attribués, les personnes placées en première position ayant refusé la proposition. Et pour Driss, le troisième locataire du 8 rue de Tunis, c’est Sète Thau Habitat qui finit par lui attribuer un logement social. Après visite des appartements, ils les acceptent. Des logements propres, respectant les règles de sécurité et de salubrité, cela change des taudis dans lesquels ils ont dû vivre pendant des décennies. Malgré tout, cela les éloigne de leur lieu de vie quotidien et des liens de solidarité tissés avec les voisins, les amis, les commerces du quartier…  

© Joel Monnier

Solidarité

Mais l’information de leur déménagement circule vite et ces liens, accentués à l’occasion de la constitution d’un collectif de soutien, donnent lieu à une belle mobilisation. Une liste de besoins en meubles et électroménager circule dans les boîtes mails. On s’organise pour des virées à Emmaüs ou au Secours Populaire, pour trouver ce qui manque. Une caisse de solidarité est mise en place pour aider Driss à payer la caution. Et on marque la fin de cette étape de lutte par un joyeux rassemblement devant le 8 rue de Tunis, un dimanche après-midi. Après des mois de rassemblements, de réunions, de courriers, de coups de fil, de rendez-vous avec les services et les élus… il est bon de constater les petites avancées réalisées, permettant au moins d’améliorer le quotidien de nos trois amis. 

Mais on rappelle aussi que tout cela n’est pas du tout terminé, tant les situations de mal logement sont courantes à Sète. Depuis sa constitution, le collectif recueille les récits de galères d’hommes et de femmes connaissant les mêmes situations, les mêmes marchands de sommeil, les mêmes parcours du combattant auprès des administrations pour faire valoir leurs droits. C’est particulièrement vrai dans le centre ancien dégradé, pourtant véritable carte postale de Sète. Retournons-la et nous verrons que, derrière, se cache une réalité invisible dans les séries télévisées. D’après les dernières données de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat), qui datent de 2013, le centre ancien comptait près de 2 500 logements potentiellement indignes. Sète compte plus de 2 000 demandes de logements sociaux en attente, à l’échelle de la ville comme de l’agglo, le nombre de logements sociaux est insuffisant.

Ce sont les plus précaires qui en subissent les conséquences. Pour eux, le combat est loin d’être terminé…