
Derniers jours pour grimper au musée Paul Valéry et voir l’exposition « Nazanin Pouyandeh / Brigitte Aubignac, en regard ».
Nazanin Pouyandeh versus Brigitte Aubignac, c’est le mariage de la carpe et du lapin que propose le musée Paul Valéry pour son exposition d’Hiver. Ces deux peintres ont en commun d’être femme, mais rien d’autre ne les lient. L’une est la peintre de l’intime, touchant à l’austérité, l’autre de l’exubérance et de la profusion.

Quarante toiles retracent l’itinéraire de Brigitte Aubignac depuis l’an 2000. Elle peint des auto-portraits sans retenue ni flatterie, grimaçante devant sa glace pour extirper un point noir ou l’œil battu après une nuit d’insomnie. Elle met en scène ces nuits sans sommeil qui la minent. Elle raconte l’abandon de la fatigue dans un magnifique tableau qui montre la grâce d’une femme terrassée par la fatigue. Ses enfants et leurs copains sont aussi des sujets de prédilection. Ses couleurs sont passées, ses compositions suggèrent l’intimité d’un Chardin, peintre de la fin du XVIIIe siècle, le premier à être entré au cœur des familles bourgeoises. Pour sa dernière période, ses toiles s’illuminent. Certaines grandes compositions, évoquant les ruines et les jardins, sont lumineuses et rigoureuses.

Les quarante toiles de Nazanin Pouyandeh sont tout autre. En exil à Paris, l’artiste iranienne a fait ses études aux Beaux-arts et elle raconte une toute autre histoire. A travers des toiles exubérantes, où se côtoient femmes nues et motifs persans, où le principe des poupées russes est décliné à l’infini, tableau dans le tableau, ad libitum, la peintre invite à un voyage immobile. Japon, Egypte, la Rome Antique, un salon sado-maso, sont autant de destinations hétéroclites. Elle revisite les chefs d’œuvre des la peinture classique, sa Lucrèce en est un témoignage éloquent. Avec une peinture très réaliste, des décors évoquant les miniatures persanes, des femmes nues très belles aux poses lascives, des couleurs éclatantes, Nazin Pouyandeh donne à voir un Iran idéalisé, mythifié, un nouveau jardin d’Eden. Une nouvelle version des mille et nuits, entre luxe et ruines.
C’est à voir jusqu’au 2 mars au musée Paul Valéry. Renseignements sur https://museepaulvalery-sete.fr/