La légende de Lady Godiva

Jacques Covès nous raconte l’histoire rafraichissante de cette sublime limace de mer.

Photo d’une Godiva orange prise le 26 mai 2024 sur le plateau des Aresquiers à Frontignan

Au tournant des 10ème et 11ème siècle, le Seigneur de Coventry et comte de Mercie, Léofric, était l’époux de Lady Godiva. En tant que comte d’une des quatre grandes provinces d’Angleterre, Léofric était un homme puissant. C’était aussi un entrepreneur très actif qui construisait moult abbayes et menait de grands travaux dans l’idée probablement de laisser une trace dans l’histoire.
Quand le bâtiment va, tout va ! mais c’est cher, très cher, et Léofric lève taxes sur impôts pour financer son grand œuvre. Rien n’est épargné et il y a même à cette époque une taxe sur le fumier.
Tout cela jusqu’en 1057, date à laquelle l’impôt ne fut plus collecté, hormis la taxe sur les chevaux qui n’avait pas été instituée par Léofric.
Qu’avait-il bien pu se passer en 1057 ?
L’histoire et la légende se mélangent comme bien souvent tant les sources sont à la fois nombreuses et peu fiables. La légende dit que les paysans excédés et épuisés ont demandé à la compréhensive Lady Godiva d’intercéder auprès de son mari pour qu’il les soulage de trop d’impôts.
Rien n’y faisait jusqu’à ce que la noble dame menace son mari de lui faire honte devant toute la ville en traversant la place du marché à cheval en plein midi, simplement vêtue de son abondante chevelure rousse.
Une autre version prétend que c’est Léofric lui-même qui aurait mis le marché dans les mains de sa belle en lui disant qu’il accèderait à son intercession en faveur des paysans si elle se montrait nue dans les rues de la ville un jour d’affluence.
Quoi qu’il en soit, Godiva n’ayant pas froid aux yeux (en même temps la scène se passe au mois d’août !) et faisant preuve d’un sacré caractère pour une femme aristocrate de l’époque, releva le défi, monta nue un fier destrier blanc et traversa la place du marché à midi.
Les informations divergent encore. Elle aurait été accompagnée par deux chevaliers et la foule était rassemblée sur la place du marché ou au contraire elle était seule et le peuple, par respect, était resté cloitré dans les masures.
Comme il y a toujours quelqu’un pour faire le malin, un certain Tom ne résista pas à l’envie de profiter du spectacle et jeta un regard à la dérobée. Mal lui en a pris car il devint aveugle sur le champ. Il reste néanmoins célèbre par l’expression anglaise « Peeping Tom » qui signifie « voyeur ». Tout ça pour ça !
La légende dit que Léofric, beau joueur, supprima toutes les taxes qui relevaient de sa responsabilité à la suite de la performance de sa femme.
L’histoire donne 1057 comme date de la mort de Léofric. Simple coïncidence ? peut-être !

Cette légende se retrouve dans le nom de cette belle limace de Méditerranée qu’on peut observer relativement facilement au large de Sète. Elle est caractérisée par de longs cérates orange à la pointe orange vif rappelant la chevelure de Lady Godiva. Elle peut atteindre jusqu’à 7 cm et on peut donc la qualifier de grande limace. Son petit nom est la Godiva orange, son nom latin est Nemesignis banyulensis. Nemesignis résulte de l’union du nom de la déesse [Nemesis] avec [ignis], qui signifie qui brûle, qui flamboie et banuylensis, car le premier spécimen a été décrit du côté de Banyuls.
Certains plongeurs facétieux prétendent que Godiva signifie « Go Dive » et en profitent donc pour aller plonger encore, et encore, et encore …