Il aura fallu « mille ingrédients » autour d’une rencontre, celle d’artistes de rues talentueux en résidence, une équipe municipale à l’écoute, un quartier séduit par l’aventure, et pas n’importe lequel, le quartier Révolution, « à qui oï»(c’est bien, c’est une bonne chose).
C’est le quartier de la place de la République, des rues de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité, de Barbusse, d’Arago, de Michelet et d’Issanka, parallèle à la rue de la Révolution.
De 1789 à l’histoire de la ville, c’est celui des portefaix, des ouvriers de chais, des petites mains de chez Boyé, celui où est né Georges Brassens et nombre d’habitants avec des patronymes caractéristiques de ces familles venues d’ailleurs chantant la Méditerranée.
Des habitants décor et acteur
Tout a démarré à la rue Révolution où les habitants sont devenus tout à la fois décor et acteur. Le balcon à l’italienne, avec le linge aux fenêtres, comme souvent dans les villes du sud, était encore à cette époque un lieu où l’on se parlait d’un balcon à l’autre, avec parfois des « joutes verbales » hautes en couleur, ou bien pour interpeller le « pichou » afin qu’il remonte le pain.
C’est cette scène permanente que le festival « y a qui con au balcon » a mise en musique, de la première édition en 1996 à celle de l’an 2000 ; les Sétoises et les Sétois, avec leur faconde, l’ont transformée en théâtre à ciel ouvert. Il fallait entendre « Fifi » chanter de son balcon et ses vis-à-vis lui donner la réplique.
Un véritable « chichois »
Avec l’aide des « pros » des Arts de la rue, l’écriture des textes, des répliques, des histoires, des chansons, mais aussi des costumes, les spectacles se sont enchaînés les après-midi, et les soirs à la fraîche, transformant la rue Révolution en un véritable « chichois » (ancien théâtre d’improvisation dont les représentations avaient lieu dans une baraquette) qui s’est étendu chaque année un peu plus pour finir en 2000 de la place de la République jusqu’au Château d’eau.
Le soir, des terrasses de cafés, des commerces, des appartements sortent les tables et les chaises complétant la logistique municipale afin d’accueillir les habitants et les vacanciers devenus « atissous » (quand on a consommé avec un goût de revenez-y) à la fête pour boire des coups, déguster l’oursinade, la brasucade de moules, la macaronade, et chanter toute la nuit dans ce lieu festif, culturel, gratuit, ouvert à tous sauf aux voitures.
Une belle aventure qui renaît ?
Cette belle aventure, sous des formes différentes, n’est-elle pas en train de renaître avec la 2ème édition de la « Rue se marre » ? À Sète, tout est possible. Et pourquoi pas dans un autre quartier populaire de la ville avec sa propre histoire, celle d’hier et d’aujourd’hui, où les acteurs associatifs et riverains de la rue Pierre Sémard nous donnent rendez-vous en octobre.
Alors, à bientôt !
Le biju