À Sète, tous les « voyageurs » ne sont pas les bienvenus.
Le mois de Septembre est le mois préféré de beaucoup de Sétoises et Sétois. Le ciel est bleu, le temps est bon et on renseigne avec bienveillance les petits groupes de retraitéEs en pantacourt et sandales de marche qui cherchent la tombe de Brassens au cimetière marin ou une boulangerie au quartier haut. Les terrasses des restaurants (pour ceux qui ont eu « la chance » d’en obtenir une) sont encore joliment garnies, et hormis les cyclistes qui s’étonnent de l’état des chaussées, de la rareté des pistes cyclables, bref de la dangerosité de la pratique du vélo en ville, et les râleuses qui suffoquent à la simple vue des cheminées noires des ferries, les touristes sont plutôt appréciéEs, et satisfaitEs de l’accueil qui leur est fait.
Ce n’est pourtant pas le cas de tous les voyageurs. Hier, vers 14h, une quarantaine de caravanes et véhicules de « Voyageurs » en provenance de Nîmes et un nombre impressionnant de fonctionnaires et de voitures de polices (nationales et municipales) bloquaient le bout de quartier coincé entre le Mas Coulet, le bassin du midi, le parking du Brico et la rue des entrepôts : la police interdisait l’accès au « Parking Cayenne sud », un terrain vague, en fait.
« Le maire ne veut pas de nous » témoigne Baptiste, au volant de son camion blanc immobilisé dans la file. Sur le siège passager, accoudé à la fenêtre ouverte un tout jeune garçon patiente, apparemment résigné. Il fait lourd, il fait chaud. « À Sète, il n’y a aucune aire pour accueillir les « gens du voyage », il n’y a aucun endroit pour nous, pourtant, nous sommes des citoyens français. »
Il m’explique ensuite que leur souhait est de s’arrêter sur ce terrain « qui appartient à la Mairie et où il est possible d’installer des sanitaires mobiles pour une semaine. Ensuite, on nettoie tout, et on repart. Mais on ne veut pas de nous, poursuit-il, c’est partout pareil en France. Les seules aires construites sont pour 8 caravanes. Nous sommes 40. Qu’est ce qu’on fait des autres ?
Un peu plus tard dans l’après-midi, les voyageurs se frayeront un passage au terrain par un autre accès en dégageant un bloc de béton.
Ultime ironie, ces faits se déroulent sur le site natal même de Manitas de Plata, et à quelques centaines de mètres du prestigieux conservatoire de musique flambant neuf qui porte son nom.
Cette situation sétoise est emblématique du sort fait aux « gens du voyage » en France. Le magazine écologiste Reporterre consacre aujourd’hui un excellent article à cette situation, à l’occasion de la sortie du rapport de l’ODCI (Observatoire des droits des citoyens itinérants).