Retrouvez ( presque !) chaque semaine, une nouvelle histoire sétoise du Biju. Après une évocation de la bio diversité dans l’Etang de Thau, aujourd’hui, toujours du côté de l’étang, une histoire un peu folle, mais vraie! Avec en prime une petite bd de Joël Monnier.
Dans l’arsenal des pratiques de pêche sur l’étang de Thau, la pêche à « la boite » pour la palourde était particulièrement prisée.
Le fils du Micou, Jean-Paul, un de mes amis de pêche, en était un adepte assidu. Un jour, dans les années 1980, par grand beau temps, un de ces jours magiques où l’étang sans une ride ressemble à un miroir, Jean-Paul, sur la zone du Creuzot, allongé sur son négafol, la tête dans la boite, les bras dans l’eau, tenant d’une main la fourchette (le trident) pour sortir la palourde du sable, et de l’autre le salabre pour récupérer le coquillage, est soudain littéralement écrasé par une masse énorme qui se pose sur le négafol du côté de ses jambes et fait chavirer la frêle embarcation.
Vingt minutes plus tard, Jean-Paul trempé, essoufflé et le visage décomposé entre dans le mas de Guy Brassens, où j’étais avec deux autres pêcheurs.
Et là tout de go, il nous dit : » Vous n’allez pas me croire, c’est fou un hippopotame m’a sauté dessus et m’a fait chavirer sur le plan du Creuzot « . A coup de bouts de mots saccadés par l’émotion, il nous débite un récit surréaliste. Un hippopotame sur le dos, la stupeur, la panique, la chute dans l’eau, l’abandon du matériel, nager jusqu’à la berge, courir ensuite jusqu’au mas du Barrou, là où il avait l’habitude, comme nous tous, de vendre sa pêche à Guy Brassens.
Espantés de rire, pliés en deux, on lui lance : « Oh Jean-Paul, tu nous prends pour des panitroques, tu n’as pas trouvé autre chose pour nous dire que tu es tombé de ton négafol ? Un hippopotame, celle-là, elle est bien bonne, elle va faire le tour de Sète » !
Devant notre réaction, le fils du Micou vire de l’émotion à l’estoufatoire, et nous lance : » Vous ne me croyez pas ? Venez voir ! « Et on a vu !
L’incroyable s’est transformé en réalité. Là, où se trouve aujourd’hui la zone Aqua technique, l’espace vierge était composé à l’époque de vastes zones humides, sur laquelle, la ville, pour quelques heures, avait autorisé un cirque à stationner. Plusieurs animaux de la ménagerie avaient été lâchés pour déambuler, dont l’hippopotame, qui en avait profité pour faire trempette sur les bords de l’étang.
Selon les gens du cirque, l’animal a pris le négafol pour une femelle, d’où l’acrobatie.
Il a fallu plusieurs heures aux gens du cirque pour récupérer l’animal, à l’aise dans l’étang de Thau, et plusieurs semaines à Jean-Paul pour s’en remettre.
La biodiversité de l’étang de Thau a failli s’enrichir d’une nouvelle espèce.