Jour de marché et lutte sociale.

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Mercredi 14 avril, le « Collectif logement » a organisé un nouveau rassemblement devant, puis, dans la Mairie. Un moment raconté, depuis le coeur du collectif, par notre contributrice, Joe.

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 À Sète, le mercredi est jour de marché dans le centre ville. Un moment de sociabilité et de chalandise, un moment bienvenu après toute une année d’assèchement de vie sociale, en raison de la pandémie. C’est ce jour qu’a choisi le « Collectif logement » pour son 4e rassemblement, devant la mairie, haut lieu de passage entre marché aux fleurs et marché aux légumes. Les voisin.es s’y croisent, se saluent, les vieilles et vieux occupent, chaque jour, le muret dont la pierre est polie et lustrée par le temps.

C’est aussi le lieu des manifs et des rassemblements. Les revendications s’y exposent et les infos s’échangent. C’est là que le collectif vient interpeller les élu.es sur ce que l’on nomme  » La démocratie locale » . Une démocratie bien mal-en-point, avec un 4ème mandat du Maire.

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Mercredi 14 avril, banderoles, photos et tracts sont de sortie. Des petits groupes, militant.es, sympathisant.es et curieux.ses, se forment, discutent, tandis que des policiers municipaux filtrent l’entrée de la Mairie. Le décor est en place, chacun.e est dans son rôle. Tantôt, on avance. Tantôt, ils nous font reculer. Déjà, des rituels se sont instaurés, ce qui inclut des échanges verbaux, parfois vifs.

Ce jour-là, l’ambiance en début d’action est détendue, résolue. Il fait beau, il y a du passage, des discussions, des échanges. La situation se tend, inévitablement, dès que des membres du collectif essaient d’entrer dans la mairie, pour y être reçu par le Maire ou à défaut, par ses adjointes au logement. De nombreuses demandes de rendez-vous ont été faites, sans grand résultat. Pour le collectif, il s’agit, avant tout, d’avancer sur le relogement d’Abdelaziz (88ans) et d’Abdallah (77ans), qui n’a toujours pas trouvé de solution satisfaisante.(Chibanis dans la tempête et Vogue la galère).
Les deux hommes sont fatigués ! Et pourtant, Abdelaziz est présent, toujours courageux. Il rejoindra même le groupe qui a réussi à s’introduire dans le hall, lors de l’entrebâillement des portes. Le collectif y restera, environ 2 heures entre négociations et chants, un bel exploit qui ne sera pas couronné de succès :  » Monsieur le Maire est trop occupé  » a dit la secrétaire. Jolie pagaille et démonstration d’énergie, tout de même, dans ce moment d’état d’urgence sanitaire, qui voudrait que soient muselées toutes revendications sociales et toute vie festive.

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Pendant ce temps là, dehors, les discussions se poursuivent à propos du mal-logement dans notre ville en pleine gentrification, vitrine télévisuelle à outrance. Des familles, soutenues par le collectif ( jeunes femmes avec enfants et poussettes…) qui ont déjà déposé leurs dossiers de demande de HLM, exposent leurs situations. L’une d’entre elles, attend-espère un logement social, depuis 4 ans. Actuellement, logée dans le parc privé, dans un appartement « pourri » que les rats traversent et occupent, cette mère de deux jeunes enfants nous disait, il y a peu, qu’elle avait honte d’en parler. Et là, se sentant soutenue, écoutée, elle exposait sa situation, simplement. Ce n’est qu’un exemple ( de même pour les chibanis de la rue de Tunis) de ce que nous pouvons faire pour que les mots :  Vivre-ensemble et mixité sociale soient une réalité !

Les problèmes de mal-logement sont fréquemment le symptôme, ultime, de parcours hérissés d’épreuves et la relégation sociale n’est jamais loin… Le rassemblement de ce matin, avec tout ce qu’il a véhiculé d’énergie combative et joyeuse, a ouvert un espace de discussion et de rencontres où chacun.e, avec ou sans logement, a puisé des forces, pour les luttes collectives à venir, pandémie ou pas.
Mardi 20 avril, les dossiers de demande de logement d’Abdallah et d’Abdelaziz passaient en commission départementale. Espoir. Une fois encore, les HLM vacants, ne leur ont pas été attribués.  » Ils sont en deuxième position sur la liste d’attente « , nous affirme la personne du département. Pour ces gens là, nous avons le sentiment, parfois, de n’être personne.
Mercredi 21, nouveau rassemblement…
Jusqu’à quand ?