Entre 2 tours/ la logique écologique du Département de l’Hérault

L’Ancre se mouille… et s’interroge. Après la question du logement social, nous avons souhaité comprendre quelles sont les compétences du Département de l’Hérault en matière d’écologie.

Nous avons rencontré le binôme Véronique Calueba-Gabriel Blasco à la terrasse du Carafon, le café emblématique de la place des Puces. Une réunion vient de se tenir en plein air, pour l’organisation de l’entre 2 tours, et l’air chaud bourdonne d’insectes pollinisateurs… heu non, ce sont en fait des militantEs, qui s’activent, se partagent des paquets de tracts, définissent des secteurs de distribution, et vident quelques verres de bière fraîche.

L’Ancre : Beaucoup de gens ignorent quelles sont les compétences du département. On finit par croire que tout se joue à Bruxelles, et que les instances locales sont des coquilles vides. Qu’en est il en matière d’écologie?

Véronique Calueba : Le Département a posé l’Ecologie de manière transversale pour toutes les initiatives au travers d’un Rapport Développement Durable. Il comprend 21 compétences déclinées en sous-compétences. Il fonctionne comme un audit interne et touche tous les secteurs. Quel papier on utilise, quel éclairage, quels types d’aménagements urbains….
Nous avons une vice-présidence à l’Environnement, qui a en charge, par exemple, le grand cycle de l’eau. A travers des délégations, la Région contrôle le trajet de l’eau, depuis le Rhône, jusqu’à l’entrée de chaque commune de l’Hérault.

L’Ancre : L’eau, c’est aussi l’agriculture…

Gabriel Blasco: …et la viticulture ! L’irrigation est un des défis liés au changement climatique. Nous avons 2 barrages en gestion propre : les Olivettes et le Salagou. Il y a aussi des retenues collinaires, des réserves d’eau de pluie qui alimentent les cultures en goutte à goutte. Le Département finance aussi des recherches en partenariat avec l’INRA et des Universités sur les ceps de vigne résistants à la sécheresse.

le lac du Salagou à la fin de l’été. ©l’ancre

Véronique Calueba : Le Département a aussi la gestion des Espaces Naturels Sensibles. Ce sont des espaces achetés en compensation pour les travaux d’artificialisation des sols, routes, etc. Dans l’Hérault, nous faisons le choix de figer 2 fois plus d’espaces. Ils sont dédiés au pastoralisme, à l’agriculture bio, à la préservation de zones humides, ou tout simplement de friches. Ces friches sont en augmentation constante, afin de préserver l’Environnement de l’appétit des bétonneurs.

L’Ancre : L’écologie, la préservation de la planète passe par l’éducation…

Véronique Calueba : Nous faisons de l’éducation à l’environnement dans les collèges, les associations, certaines institutions. Y compris à la Maison de l’Environnement, à Restinclières, un grand terrain pédagogique où nous travaillons sur la préservation des espèces. Il y a un plan abeilles, avec installations de ruchers, le plan chauve-souris, le plan écureuils…
Et évidemment, nous tendons vers des repas 100% bio et local dans les cantines scolaires.

L’Ancre : Et les arbres? Ceux que Francis Hallé appellent « nos protecteurs » ?

Gabriel Blasco : Le Département n’a pas de compétences en matière de préservation des arbres, on ne peut pas empêcher l’abattage d’un arbre dans une ville, sur une parcelle privée. Par contre, on a acheté 5000 arbres d’essences variées qui sont à la disposition des communes. Elles peuvent choisir les arbres qui leur conviennent et être livrées.

L’Ancre : Les pistes cyclables sont elles du ressort du Département ?

Véronique Calueba : Oui, bien sûr, nous avons pour projet d’établir un maillage sur tout le territoire, rejoindre la Via Rhôna, rejoindre les grands sites des Causses Cévenols et du Lac de Salagou. On travaille à l’utilisation de nouveaux matériaux de revètement, par l’intégration de coquilles d’huitres pour les pistes cyclables, et d’écorce pour les routes. On entretient les abords des routes départementales de plus en plus sans fauchage ou en fauchage tardif pour préserver la biodiversité.

Biodiversité préservée dans ces délaissés chers à Gilles Clément, l’inventeur du Tiers-paysage. Voilà donc une partie des compétences écologiques du Département expliquées à l’Ancre. On est donc loin de la coquille vide. Un peu d’éducation populaire ne fait jamais de mal, il y avait encore d’autres sujets à aborder , dont l’Etang de Thau, qui fera l’objet d’un article prochainement. Je compte bien nous faire expliquer la question de la déclassification de l’Etang, de niveau A en niveau B, et du nécessaire passage des huitres en bassin de décantation… Pour cela , je suis prête à me rendre au port conchilicole du Barrou, munie d’une bouteille de vin blanc frais des Coteaux de La Moure. Au fait ! Dimanche, allez voter ! Merci.

A propos de Xénia Marcuse 66 Articles
Autrice de théâtre, jardinière, cycliste, scénographe, peintre décoratrice, nageuse, citoyenne sétoise, Xenia Marcuse est aussi co-fondatrice de L'ancre.