Le 25 novembre, « journée internationale pour lutter contre les violences faites aux femmes », le groupe Présentes appelait à un rassemblement-performance sur le parvis des Halles.
Ce 25 novembre 2023 était revigorant. Malgré le froid, malgré la tristesse induite par ces petites pantines blanches, accrochées à un filet de pêche, symbolisant toutes les femmes mortes cette année sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, la chaleur qui émanait de la performance organisée par le groupe Présentes réchauffait le cœur et le corps.
Quelques tambours, trois femmes étendues sur un grand drap rouge, une chorale se réappropriant des airs connus sur des thèmes féministes, le nom des femmes égrené comme une litanie, l’histoire de l’une d’entre elles émergeant comme une flèche, une minute de silence et de nouveau la chorale qui chante l’Hymne des Femmes et d’autres chansons, c’était simple et intense. Je tiens à faire une mention spéciale à Coralie, artiste sétoise qui revisite Brassens ; elle a chamboulé le « Je me suis fait tout petit devant une poupée » du grand Georges pour un « Je ne suis pas petite, je ne suis pas poupée », enlevé et rafraichissant.
Le plus impressionnant est sans doute la disparité des victimes. Le féminicide touche, indifféremment, les femmes de 7 à 77 ans. C’est un constat terrible. Après l’énumération de ces 114, 115 ou 118 victimes, on ne sait plus très bien, les chiffres sont chamboulés tous les jours, la minute de silence fut dense. L’émotion était palpable.
Le lieu choisi pour ce rassemblement, devant les Halles, à l’heure de l’apéro, impliquait de toucher le plus grand nombre et le plus grand nombre s’est arrêté, manifestement bouleversé par cette réalité qu’est le féminicide, réalité tue, car réalité honteuse.
Il est temps que la honte et la peur changent de camp et que les femmes relèvent la tête. C’est en bonne voie.