Dans la cour de (ré)création

©️SM

En l’honneur de la journée internationale des droits des femmes, nous nous sommes rassemblé.e.s le 7 mars 2021 sur le parvis des halles de Sète sous l’impulsion de quatre enfants de 9 ans pour chanter Vivir Quintana, Cancion sin miedo.

Cancion sin miedo, « Cette chanson sans peur » a été partagée sur les réseaux sociaux de nombreuses fois cette dernière année, une preuve que la détermination à rendre visible la lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas confinée !

Deux mamans sétoises l’ont d’abord apprise et répétée. Mila et Manolita, leurs filles respectives, en classe de CE2 ensemble, ont décidé de « se venger » de leur mère qui leur avait mis cet air dans la tête. Alors elles l’ont appris et répété à leur tour ! Elles y ont plongé et en ont compris les paroles. Ce chant est devenu le leur. Leur enseignant s’y est alors intéressé. Elles en ont profité pour lui demander si elles pouvaient faire un exposé sur le droit des femmes. Il a accepté. Et c’est ainsi qu’elles ont présenté à leurs camarades de classe des portraits de femmes importantes dans l’histoire. 

À la fin de leur exposé, Elsa et Clémentine les ont rejointes pour chanter ce chant qu’elles avaient eu maintes fois l’occasion d’entendre et d’apprendre avec elles. Toutes ont donc terminé les poings levés en demandant « Justice ». 

Selon l’enseignant, les filles ont chanté avec leurs tripes, engagées en tant que « vraies petites citoyennes » ! 

Il a donc été évident pour elles de soutenir le message porté par ce chant à l’occasion du 8 mars ! Et elles poursuivront de le chanter haut et fort dans la cour de récréation !

Trois semaines plus tard, à la sortie de leur classe.

Cécile : « Vous avez chanté dans la rue une chanson le 7 mars dernier. C’était quel chant ? »

En choeur : « Vivir Quintana, Cancion sin miedo, c’est une chanson en espagnol ».

Clémentine : « Une chanson contre les féminicides, c’est une dame qui chante avec des chœurs derrière et c’est très beau. Elle a le courage de le faire. »

Manolita : « À un moment ça dit : Je suis la mère qui pleure ses filles et c’est moi qui te ferais payer. »

Elsa : « C’est un message fort ! »

Clémentine : « C’est bien que cette chanteuse le dise car sinon ça pourrait rester entre nous, les filles, les femmes et du coup personne ne pourrait régler le problème. C’est comme dans les classes où quelqu’un a été agressé. Si la personne le garde pour elle, on ne peut pas régler le problème ! »

Cécile : « Que vouliez-vous dire en venant dans la rue ? »

Manolita : « Arrêter les féminicides avec un chant ça paraît compliqué. Mais en chantant dans la rue, je viens dire ce que je ressens. »

Clémentine : « Même si ce n’était pas mon idée, j’étais bien d’accord pour défendre le droit des femmes. Je suis venue parce que ça peut être grave et moi j’ai surtout peur qu’il y ait un féminicide proche de moi. »

Mila : « Moi je voulais partager ce moment avec mes amies. »

Manolita : « Il y avait beaucoup de monde, j’espère que les hommes qui nous ont entendues diront ce message à d’autres gens pour que la violence baisse. Moi je tremblais un peu de le faire parce que c’était la première fois. Bon j’avais chanté devant toute la classe donc ça m’avait un peu aidée mais c’était quand même super super dur car il y avait plein de monde et des gens que je ne connaissais pas. Mais ce qui est sûr, c’est que quand tu es en train de chanter c’est plus facile, quand tu y es, tu te laisses aller. »

Clémentine : « Moi, quand je suis arrivée je devais retenir mon trac. »

Cécile : « Est-ce que vous la chantez encore dans la cour de récréation ? »

Elsa : « Avant que tu arrives, on était en train de la chanter ! »

Cécile : « Et que ressentez-vous ? »

Clémentine : « Je ressens du courage et de la peur, je ressens les deux quand je la chante. »

Manolita : « Moi je ressens de la liberté ! »

Mila : « Moi je ressens de la colère, de la joie et de la tristesse. »

Cécile : « Quel message voulez-vous transmettre ? »

Mila : « Je veux transmettre aux hommes de nous comprendre par l’amour et pas par la violence. » 

Clémentine : « Je voudrais que tous les garçons et les hommes l’entendent. Et que ça redonne courage à des femmes ! »

Manolita : « Moi je voudrais que les femmes défendent leur vie, c’est important quand même ! »

Elsa : « Qu’un jour ça s’arrête ! C’est bien qu’on ait pu la chanter en classe pour que les enfants entendent qu’il ne faut pas se laisser faire ! »

Clémentine : « Les filles surtout, c’est une chanson pour les filles ! Et un peu pour les garçons pour leur demander de faire attention, de venir en aide aux filles qui pourraient se faire agresser. Mais de toute façon, ce n’est pas parce qu’on est un garçon qu’on est plus fort. Moi par exemple, je peux mettre mon frère par terre si je veux ! ! ! » Rires

Manolita : « C’est bien que notre maître comprenne ! »

Clémentine : « Eh oui, il ne faut pas se laisser faire sinon ça restera figé dans l’histoire. »

Merci à elles.