Sète, l’île-vraiment-singulière

Sète, l’île singulière, l’est aussi par la singularité de l’histoire de ses quartiers : La Pointe Courte et sa Maison aux chats, la Plagette et sa Station de Biologie Marine, et le Pont Levis avec sa  Redoute, ont une histoire commune. Certes ils sont tous les trois baignés par l’étang de Thau, mais ce n’est pas tout.

À la brouette.

Dans le début des années 1970, l’Etat s’est lancé dans un inventaire de son patrimoine public sur tous les littoraux du pays. C’est ainsi que sur les bords de l’étang de Thau de la commune de Sète, il s’est avéré que les terrains du quartier de la Pointe Courte, de la Plagette et du Pont Levis, n’étaient en fait que le fruit de comblements illicites « à la brouette  » sur le domaine public maritime, c’est-à-dire sur l’étang, lui-même propriété de l’Etat. A l’origine certes pour y installer des cabanes de pêcheurs, des séchoirs à filets, et autre aménagements, qui au fil du temps se sont transformés en maisons d’habitation, et en véritables quartiers de la ville sans existence légale.
L’injonction de remise en état des lieux du domaine public, impliquant la démolition des constructions et l’expulsion des occupants sans droit ni titre, ne s’est pas fait attendre de la part des services de l’Etat auprès de la Ville.

Bras de fer.

La municipalité de Sète, alors présidée par Pierre Arraut, le moment de stupeur passé, a pris la décision courageuse et impensable pour l’époque de s’affronter à l’Etat, afin que celui-ci cède à la ville, ce qui était alors inaliénable, son domaine public afin de préserver ses trois quartiers et les biens des habitants.
Le sens de l’action pour la défense de l’intérêt public était pour cette municipalité comme une seconde nature. Le bras de fer, qui s’est engagé et qui a mobilisé la ville, contre l’Etat s’est finalement terminé, après de longs mois, par la signature du Ministre de l’Intérieur paraphant la vente des terrains de ces trois quartiers à la ville de Sète au prix modique des domaines.
C’est ainsi que la ville est devenue propriétaire, puis, a rétrocédé, sans plus-value, les parcelles aux occupants qui sont devenus ainsi propriétaires du foncier de leur maison : grâce à une action collective qui n’a pas d’équivalent dans le pays. 
Les  » délaissés  » non occupés, au fil du temps, ont été également vendus à l’amiable.
Si demain vous allez acheter votre poisson au pêcheur installé au pied de la redoute du Pont Levis, après avoir emprunté la rue des  tadornes , ou si vous allez à la Plagette un jour où la pêche à la daurade bat son plein, ou bien en visite à la  » Pointe  » sur les traces d’Agnès Varda, pensez à l’histoire singulière de ces quartiers, sans laquelle Sète ne serait pas Sète.