Matrimoine n’est pas un néologisme

Matrimoine, définition : biens hérités de la mère.

Ce mot n’est pas un néologisme ; au Moyen-âge, il était usité couramment et puis peu à peu le matrimoine a disparu, au fur et à mesure que les femmes s’invisibilisaient. Escamotage économique, escamotage scientifique, escamotage culturel, escamotage intellectuel. Au XVIIe siècle, une sortie courageuse a été tentée par la gent féminine. Certes Madame de Lafayette publie anonymement « La Princesse de Montpensier », mais elle tient un salon brillant, fréquenté par les beaux esprits de la Capitale. Les Salons se multiplient, seuls lieux où ces femmes intelligentes et cultivées peuvent s’exprimer. Ce furent au mieux des « femmes savantes », au pire des « précieuses ridicules ». Elles furent moquées, raillées, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière se faisant le chantre, avec un brio incontestable, des ricanements des hommes du Grand siècle. Le mal était fait. Au XIXe, les précieuses devinrent des bas-bleus, expression encore plus insultante et méprisante, si cela est possible. Aurore Dupin publiait sous le nom de George Sand, au début du XXe siècle, les romans de Colette se vendaient sous le nom de Willy, son mari.

Plus étonnant encore est le destin d’Heddy Lamarr. Star d’origine autrichienne, elle règne sur Hollywood. Mais scientifique dans l’âme, elle jettera les prémices du WIFI, pour le plus grand bénéfice de l’armée américaine. Dans l’imaginaire, elle est restée une image sur papier glacé. Le « soit belle et tais-toi », ça fonctionne bien. Ces exemples ne sont pas exhaustifs. C’est la partie émergée de l’iceberg.

L’hymne des femmes dans son premier couplet chante « Nous qui sommes sans passé les femmes, nous qui n’avons pas d’histoire, etc. » C’est faux, nous avons un passé et une histoire, ils sont sous le boisseau depuis des siècles. En cherchant on trouve. Et nous pouvons écrire une nouvelle histoire, réattribuer la maternité de certaines découvertes volées par des hommes, comme la découverte de la structure ADN faite par Rosalind Elsie Frankin, metre à jour des compositrices, réhabiliter des peintresses ou des sculptrices, lire et relire des écrivaines et des poétesses.

Il serait long et fastidieux d’énumérer toutes ces femmes qui font que nous sommes debout. Mais rien n’est perdu. Nous avons un matrimoine, nous le savons maintenant. A nous de faire fructifier cet héritage, de le faire vivre et de le faire connaître. Profitons de ces journées du Patrimoine pour nous engouffrer dans la brèche et organisons notre journée du Matrimoine.

Rendez-vous est donné, à Sète, le 16 septembre pour une déambulation joyeuse, à l’initiative du groupe Ile Elles, qui visitera les figures féminines oubliées, qu’elles soient sportives, artistes, écrivaines ou musiciennes. On doit à ce groupe une déambulation festive, célébrant le 8 mars à sa manière. Une promenade, jalonnée de lectures, de performances et de chants, avait mené les participantes et les participants de la Médiathèque à la place de l’Hospitalet. Une Sainte Rita les attendait, proposant une boîte à souhaits colorée.

Ces manifestations démontrent une fois de plus l’inventivité et la créativité des femmes. Sortir des sentiers cent fois rebattus que les hommes tracent et creusent à l’envi, elles savent faire. Ce 16 septembre, journée du Matrimoine, en fera la démonstration éclatante.

Horaires
Rendez-vous à 10h30 au patio de la Médiathèque François Mitterand pour une déambulation vers le quartier des quatre ponts.
Fin à 12h30 pour un apéritif festif.

En partenariat avec la Médiathèque François Mitterrand

Contact : ileelles7@gmail.com
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